(wherever life takes you), nadley.

# 06/09/21, 01:30 pm

« There's no peace for people like me. » Et tu le sais, au fond de toi. Tu auras beau la laisser respirer autant qu'elle en a besoin, la paix ne se présentera jamais. Inaccessible. Elle leur a été arrachée. Tu l'entends dans la voix d'Adley, le voit dans la lueur farouche de ses yeux. La paix n'existe pas, car on refuse de la lui donner. Et vous avez confiance, l'un comme l'autre, que cette dynamique n'était pour le moment pas prête de se renverser.
But there's no peace for people like me either, Adley.
Not even in the end.

Tu laisses pourtant la conversation glisser, sans t'y attarder. Noyé dans le fond de tes pensées, apaisé par la présence de la gamine à tes côtés. Tu sens son calme autant que sa méfiance. Sait qu'elle est trop curieuse pour foutre à nouveau le camp aussi promptement. Elle a besoin de savoir ce qui l'attend. Tu le comprends. Mais tu n'as rien à lui donner. Rien à lui offrir. En équilibre sur les ruines de ta vie, tu n'essaies même pas de deviner de quoi demain sera fait. T'as pas à t'en faire, Adley : j't'emmènerai pas là où tu ne pourras plus respirer.

« Can you blame me ? » Tu laisses tes yeux tomber dans les siens. Y croises toute la colère qu'elle s'efforce de balayer de sa voix. Mais la note tremble, et tu ne la manques pas. No, voudrais-tu lui dire. I can't blame you. « Every day, I hear about Shadows being taken away, forced to change their lives, their identities. They're stripped of everything that they are. They just become... ghosts. » Elle n'avait aucun moyen de savoir de quelle trempe tu étais fait. Ignorais tout de ton point de vue sur les ombres, ou sur le lien entre les âmes soeurs pour ce que ça valait. Tout ce qu'elle savait, c'était que tu manipulais l'air — et ce n'était généralement pas un bon présage, pour les gens de sa race. Aucun moyen de savoir que t'es différent. Pas pour le moment. « I am not interested in a life where I can't speak for myself. » Tu réprimes un rictus. Pas certain qu'une telle vie soit possible, à sentir l'énergie qui se dégageait de ce petit bout de femme au caractère bien trempé. You'd die before they cut your wings.
Wouldn't you ?
« But from what I can see, you're not one of them. Unless you have very bad taste in clothing. »Cette fois, tu ne ravales pas le demi-sourire. Il tire tes lèvres, jettes une lueur nouvelle sur tes traits. Un peu moins renfrogné. Un peu moins renfermé. « You grew up around here, didn't you ? »Tu acquiesces. Les yeux à nouveau perdus dans le vide autour de vous. À essayer de comprendre ce qui était en train de t'arriver. Chaque seconde partagée entre la réalisation de l'avoir trouvée, et le choc d'être ainsi tombé nez à nez avec ta destinée. La fatigue te rattrapait à mesure que les minutes passaient, et tu sentais que tu aurais besoin de dormir pour encaisser. Pour te réveiller, le lendemain, aux prises avec cette nouvelle réalité.
Tu l'avais trouvée.

« I did. » Tu te redresses sur ton tabouret. Fais signe au barman, qui te repères du coin de l'oeil. « I grew up in the Aguenserian district. » Tu croises tes bras sur le comptoir. Noyé dans tes pensées, et dans l'aura d'Adley. Le monde un peu moins hostile et un peu moins vague, maintenant que tu étais assis à ses côtés. « Not in the good part of it. » Finalement, le barman s'approche. Tu lui demandes une bière, machinalement. Peu inquiet de la réaction d'Adley, à en sentir la curiosité qui commençait à pointer le bout de son nez. At least, let me have a drink.
Le barman repart pour te servir, et tu contemples un instant Adley. Ses cheveux noirs, son regard sauvage. La courbe de son nez. Les taches de rousseurs, éparpillées sur son visage sans avoir l'air de s'y arrêter. « I don't believe in ghosts. » que tu te contentes de lâcher. Répondant à sa tirade sans pour autant s'y attarder. Tes opinions plantés dans une simple phrase qui, aux oreilles indiscrètes, n'aurait pas détonné. « I don't believe anybody could make you one, anyway. » Tu plisses des yeux, une seconde. La sondes. You're just not that kind of soul, are you ? « For that, they would need to catch you first. » And we both know they couldn't.

Le barman revient avec ta bière. Tu lui donnes ses kavis, sans avoir l'audace de payer un second tour à Adley. Plus tard, peut-être. Pour le moment, tu la laisses finir son verre. Prendre son temps. Décider si elle accepte ta compagnie, ou si elle préfère filer. Ombre dans la nuit. « I have no interest in making your life miserable. Trust me. » T'avais laissé la pensée s'ancrer, durant la journée. Prendre ses marques dans ton esprit. À en revoir en boucle le regard farouche d'Adley. La véhémence avec laquelle elle avait tenté de s'enfuir. Elle aurait préféré finir sa vie seule plutôt que de te trouver. Chercherait à te fuir si la vie que tu lui demandais de partager à tes côtés la contrariait. Ce n'était tout simplement pas dans ton intérêt.

I need you too much for that, Adley.
Probably more than you need me.

# 06/09/21, 01:30 pm

Tu n'as plus envie de fuir. Quelque chose de calme, dans ce qui est en train de vous envelopper, ce qui est en train de s'installer. Autour de toi, le monde continue de tourner comme s'il ne s'était jamais arrêté, les verres passés entre les mains, les sourires échangés, les conversations qui créent un bruit de fond. Si tu relevais les yeux, sans doute que tu verrais que rien n'a changé - et pourtant, tu sens dans le plus profond de ton coeur qu'à présent, rien ne sera plus jamais pareil. Tu avais été tellement terrifiée de ce moment toute ta vie, que tu peines à réaliser que ça s'est vraiment produit - tu as trouvé ton âme soeur. Et malgré le serrement dans ta poitrine, malgré la crainte qui agite toujours tes pensées, la peur qui ne partira sans doute jamais vraiment, un noeud s'est délié. Tu le sens, juste là. Un souffle plus stable, un air nouveau dans tes poumons. Plus droite sur tes jambes, plus adroite dans tes gestes. Et les ombres, plus familières que jamais.

Tu laisses tes mots couler de tes lèvres, observant ses réactions avec attention. Il ne semble ni surpris, ni agité de ton opinion, et ça te soulage au moins de ce côté là. Il semblerait bien qu'il n'y aurait pas de débats ou de friction concernant la place des ombres dans la société avec lui. Ça te rassure plus que tu ne saurais l'avouer. Tes yeux dans les siens, observant ses cils courbés.« I did. I grew up in the Aguenserian district. » Ça attise un peu ta curiosité, sachant que tu l'avais vu manipuler l'air quelques heures auparavant. « Not in the good part of it. » Hm. Le barman approche et Nader s'occupe de se commander à boire. Tu n'as pas souvent été traîner dans le quartier d'Aguensera, mais tu pouvais bien t'imaginer que ses rues ressemblaient à toutes celles de Tivan. Les rues où apprendre à survivre impliquait le pire. Toutes ses années auparavant, il avait volé et t'avait tiré d'un mauvais pas. Maybe you're not so different, after all. Tu baisses les yeux vers tes mains, tes pensées embrouillées, partagée entre des émotions contraires.

L'alcool est chaud contre ta langue, et apaise un peu les maux. Tu as presque terminé ton verre, mais tu n'auras pas assez pour un deuxième, alors tu le fais durer. « I don't believe in ghosts. »Ça te fait relever les yeux vers lui. « I don't believe anybody could make you one, anyway. »Essayait-il simplement de gagner ta confiance ? De te dire ce que tu voulais entendre ? Tu n'es pas capable de vraiment le croire, car sa voix dégage une honnêteté qui ne peut pas être vraiment feinte. Ton coeur fait une légère embardée, lors de ses prochains mots. « For that, they would need to catch you first. » Tu es contente que le barman revienne et capte l'attention de Nader - peut-être n'a-t'il pas l'occasion de voir le sourire fleurir sur ton visage, sincèrement amusé et rempli de ta malice habituelle. La pensé est furtive, mais te traverse tout de même la tête. Shit, Adley. You're actually starting to like him. Tu ne réponds rien, instance plutôt rare pour toi - mais ton sourire dit tout ce qui est nécessaire.

« I have no interest in making your life miserable. Trust me. » Plus facile à dire qu'à faire, prodige de l'air. Mais tu ne dis pas ces mots à voix haute, te contentant de simplement le toiser. « Not yet. » Ce n'est pourtant pas aussi hostile qu'auparavant. Tu es calmée, presque apprivoisée - mais jamais totalement. « But I believe you. » Tu le rassures par la suite avec un petit sourire, histoire qu'il comprenne que tu n'avais pas l'intention de prendre la poudre d'escampette pour le moment. « Here's what I've been wondering. Why did you steal that merchant's purse ? » Ça te chicote depuis que vous vous êtes croisés plus tôt - et même depuis des années. « Why help me ? » Ça ne change pas grand-chose, et sans doute que ça ne pourra pas être expliqué. Mais tu t'en voudrais de ne pas lui demander. « And most importantly... » Tu te penches légèrement vers lui, dans le geste plus complice que tu ai eu à son égard depuis votre rencontre. « Did you get away with it ? » Ton sourire est familier. Tu te détends, tes épaules légèrement retombées, et tes yeux moins méfiants.

Alors que tu termines ton verre, observant le fond avec une certaine mélancolie, tu as un petit rire, secouant la tête. Tes cheveux dansent avec le geste. « There are so many things I want to ask you. » Tu lâches finalement, avec une longue inspiration. « I have no idea where to start. What do we do now, huh ? » Tu relèves les yeux vers lui. Un peu de douceur, toujours la prudence. Mais ton coeur est calme. And strangely whole.

# 06/09/21, 01:30 pm

« Not yet. » La remarque se glisse sous ta peau, vicieuse, mais tu ne fais que plisser légèrement les yeux. Attentif à son ton, qui a changé malgré la méfiance que ses mots conservaient. « But I believe you. » qu'elle ajoute rapidement. Tu sais, pourtant, que tout ne tient qu'à un fil. Qu'elle reste pour le moment installée à tes côtés, se prêtant à une conversation civilisée. Mais qu'au moindre faux-pas de ta part, elle s'évaporerait. Fumée entre tes doigts qui ne pourraient la contrôler, ou l'en empêcher. T'es pas là pour ça. Tout ce que tu veux, c'est te remettre sur pieds. Tu sens déjà les bienfaits de sa présence, juste là, et te refuses à perdre ça.
Pourtant, tu n'essaies pas. Laissant la conversation couler entre vous, plus naturelle que tu ne l'aurais cru.
See, Adley.
It's not that bad, now, is it ?

« Here's what I've been wondering. Why did you steal that merchant's purse ? » Tu arques un sourcil surpris. Le sourire hésitant encore à se poser pour de bon sur tes lèvres. T'es pas habitué.Et la surprise qu'amène chacune de ses paroles te fait osciller entre une moue plus sombre qu'à l'accoutumée, et un sourire apaisé par la vivacité d'esprit dont elle témoignait. Elle ne serait pas un poids, et tu le savais. « What do you mean ? » « Why help me ? » Tu détournes le regard un bref instant. Prenant une longue gorgée de bière, les pensées s'enfonçant peu à peu dans tes souvenirs emmêlés par les années. Yeah, why did you ?

I guess you already knew.

« And most importantly... Did you get away with it ? » Elle s'est penchée vers toi, et tu sens l'air se refermer autour de vous. Chair de poule le long de tes bras, que tu ne t'expliques pas. Tu es incapable de conserver tes yeux au plus loin d'elle. Captes le mouvement de ses cheveux, du coin de l'oeil. Ils effleurent ta peau ; tu serres les dents. Coeur au fond de l'estomac. « I did. »lâches-tu finalement. Déglutissant pour te reprendre. Les prunelles ne quittant pas celles d'Adley. « Barely. Some other kid helped me hide. » He was a shadow. Like you. Le sourire se fraye finalement un chemin sur tes traits. Plus stable que tu ne l'aurais pensé. What are you doing to me, Adley ? « But I can't explain it. I just... I had to do it. » I had to help you. I wanted to.
I'd told you we've got to help each other, but we both know I could've just steal his purse without him knowing.
I wanted to help you.
I wanted to do this for you.
« I guess some part of me already knew. » C'est la seule option qui te paraît envisageable, en cet instant. Alors que tu revis les émotions, repasses au travers du moment. Le regard effrayé d'Adley, prise sur le fait. Le marchant éructant. La connexion inexpliquée avec cette gamine que tu ne te souvenais pas avoir jamais croisée auparavant. Mais t'avais dû l'aider. C'était plus fort que toi.
Plus fort que tout ce que tu avais ressenti à ce moment-là.

« There are so many things I want to ask you. » Son verre est vide. Tu le remarques lorsque tu te tires de ta propre tête, et tu ne peux t'empêcher d'enrouler tes doigts autour de ta bière, par réflexe. Should you buy her another one ? T'as peur que sa fierté se mette dans le chemin. « I have no idea where to start. What do we do now, huh ? » Tu te détournes un bref instant. La chaleur du bar fait remonter son parfum jusqu'à toi. Tu restes là. « I don't know. » I really don't. Tu avais envisagé demain dans ta solitude ordinaire. Ne t'était jamais imaginé que ton air reviendrait. Que les cauchemars, peut-être, se dissiperaient. Que tu te sentirais plus stable que tu ne l'as jamais été durant les dernières années. I have no idea what to do now, Adley.

« I could buy you another drink, if you wanted. » Tu mets l'hypothèse dans tes mots. Ne voulant en rien la brusquer, ou lui donner l'impression que tu la contrôlerais par une simple bière payée. « For starters. » Ta gorge est nouée. Ton envie de rester à ses côtés, réelle, pourtant. Tu ne t'es pas senti aussi complet depuis longtemps. Ça ne t'est jamais arrivé, à tout bien y penser. Jamais.« Are you hungry ? » Tu sais qu'ils servent un peu de bouffe ici. Et en relevant le nez vers elle, tu lui jettes un coup d'oeil presque gêné de la proposition que cette question amenait. Peu désireux de la formuler. Elle comprendra toute seule, tu le sais.

« I'd get it if you wanted to leave. » Tu n'en as pourtant pas envie. L'envie de prolonger cet instant de paix, tant que vous le pouviez. « Places to be, maybe ? » Tu hausses un sourcil. L'observes sans gêne, cette fois. Glissant les questions du coin de la voix. « Job ? Family ? » Boyfriend ?
Or girlfriend maybe ?
Ta langue est lourde des questions que tu voudrais toi aussi lui poser. La peur d'en faire trop. D'avaler une distance qu'elle n'était pas prête à te voir franchir, et qui la ferait reculer. Mais ton instinct se chargeait de te mener — aujourd'hui, comme il y a onze ans de ça. Rien à changer.
Sauf le vide à ta main.
Ton innocence.

Et vous.

# 06/09/21, 01:30 pm

Tu n'es pas certaine d'où vient cette soudaine complicité, mais tu n'as pas envie de la rejeter. C'est étrangement réconfortant, tout d'un coup, d'être assise aux côtés de Nader, comme si tu avais toujours dû te retrouver là, avec lui. Tu retrouves de la vigueur, de l'énergie, même à la fin d'une longue et pénible journée sous le soleil ardent de Tivan et ses foules. Ton coeur bats de manière sincère, avec stabilité, et ton sourire se dresse facilement sur tes lèvres. Marmonnant les questions qui t'avaient intriguées toutes ces années, trouvant enfin réponse. On dirait que ça t'allège les épaules, que tu y trouves une paix nouvelle. « I did. » Ses yeux sont dans les tiens. Ils sont profonds, ne semblent pas avoir de fin. Tu t'y perds un peu, malgré toi. Entre les longs cils et les éclats foncés, tu comprends encore un peu plus celui avec qui tu partages un lien si important. « Barely. Some other kid helped me hide. But I can't explain it. I just... I had to do it. »Ça te serre le coeur. Ses mots ou son sourire, tu ne saurais pas dire. « I guess some part of me already knew. » Ta bouche semble plus sèche que jamais, et tu regrettes amèrement ne plus avoir de boisson dans ton verre. Sa proximité te joue dans la tête, et tu te recules donc un peu, pour prendre une bouffée d'air. Ton coeur palpite. Tu en as le vertige. Mais ton sourire ne s'en va pas. Il reste collé là, sincèrement. « I guess you did. » I'm glad you did.

Tu prends une longue inspiration, te demandant quelle route emprunter, à présent. Tu avais trouvé ton âme soeur. Il n'allait pas t'arracher à ta vie. Est-ce que tu pouvais simplement continuer comme avant ? Impossible. Et pourtant, quelle était l'autre option ? « I don't know. »Au moins, il est aussi perdu que toi. Ça te rassure étrangement. « I could buy you another drink, if you wanted. For starters. » Tu le dévisages, essayant de trouver le piège. « Really ? » Tu te méfies, mais tu es loin de vouloir refuser son offre. « Are you hungry ? » C'est presque trop beau pour être vrai, et une part de toi a envie de retourner dans ta méfiance, familière et rassurante. Mais l'autre part de toi a l'estomac trop vide et la gorge trop sèche pour considérer un refus. Nader semble deviner ta réticence, et s'empresse de rajouter quelques mots. « I'd get it if you wanted to leave. Places to be, maybe ? Job ? Family ? » Et juste comme ça, tu lui souris.
Faut croire que tu peux pas t'en empêcher.

« You offer to buy me food and a drink, and you think I'll get up and leave ? You really don't know me. » Tu le taquines, bien sûr, et c'est dit d'une voix plus que sympathique. Tes yeux brillent dans la pénombre du pub, et tu acquiesces. « Thank you. » Ça vient du coeur, et ce dernier trépigne un peu alors que tu peux commander un autre verre et un truc à manger au type qui travaille derrière le comptoir. Tu te sens comme une gamine à Noël, ton énergie se répercutant dans les traits de ton visage. « I work for the Hastings. During social season. » Que tu lui réponds après coup. Prête à lui offrir des réponses, maintenant que la confiance semblait s'installer. « The rest of the time, I have a job in a little shop, as a tailor. Nothing interesting. » Tu hausses les épaules. Ton boulot n'était pas vraiment l'aspect le plus fascinant de ta vie. « And no, no family. Haven't had one of those. I grew up in an orphanage a few streets from here. » Ton ton n'indique aucune tristesse, aucune mélancolie, aucune rancoeur. C'était ta vie. « So, yeah, I lied when I said I had places to be. I only have one very shitty room that I spend as little time as I can in. You know how it is. » Tu te détends. Tes lèvres se délient. And yes, I talk a lot.

Ton verre arrive, et tu remercies le serveur avant de te tourner vers Nader. Tu soulèves légèrement ton whisky. « Never got to thank you for what you did all those years ago. So there it is. Thanks. » Ton regard s'attarde un peu sur lui. Tu ne peux cesser de l'observer - c'est plus fort que toi. Ta gorgée est petite, mais tu la savoures. Laisse planer la boisson contre les parois de ta bouche, pour bien goûter. « What about you, then ? » Tu demandes en reposant ton verre, par la suite. « Job, family ? Girlfriend ? » Tu ajoutes la dernière petite question, avec un autre éclat de malice. On pourrait presque croire que vous êtes des vieux amis. Presque.

# 06/09/21, 01:30 pm

« You offer to buy me food and a drink, and you think I'll get up and leave ? You really don't know me. » Ses mots n'ont plus rien de méchant, ou de méfiant. Tu as vu le doute passer dans tes yeux lorsque tu lui as lancé les propositions — mais bien vite, l'envie et l'excitation l'ont remplacé. No, I don't, que tu voudrais lui murmurer. Ton regard en coin le dit pourtant assez. I don't know you.
But I want to.
« Thank you. » rajoute-t-elle. Tu lui souris. You're welcome. Et sans attendre, elle balance sa commande. Tu sors les kavis de ta poche pour les poser sur le comptoir. Un regard entendu pour le barman. Il ramasse tout. C'est pré-payé, et Adley pourra se contenter de boire et de manger. De profiter. Tu peux bien lui offrir ça.

« I work for the Hastings. During social season. » Ses mots piquent ton intérêt. Tu penses à Sherouk, un bref instant. Peut-être se connaissaient-elles. Peut-être pas. La cour était vaste. « The rest of the time, I have a job in a little shop, as a tailor. Nothing interesting. » Ton sourire s'installe un peu plus. Pensif, inattendu. Tu lui vois un peu plus de points communs avec ta soeur, à chaque minute qui passe. Souvenirs épars. Un an que tu n'as pas vu Sherouk, maintenant. Occupée à ces nouvelles obligations que tu lui avais trouvées — partie pour Evingall avec les Hastings, loin de tous les ennuis que Tivan lui avait toujours créé. Mais Adley n'était pas Sherouk. Quelque chose de différent, dans les yeux. Entre vos sourires, ton ombre ne fait que réveiller la nostalgie. Sherouk n'est pas ici.

« And no, no family. Haven't had one of those. I grew up in an orphanage a few streets from here. » Ça n'a pas l'air de particulièrement l'affecter. Ça explique des choses, cependant. Dans son indépendance, son besoin de liberté. Dans sa méfiance envers le monde, et sa tendance à ne jamais prendre pour acquis ce qu'elle avait. « So, yeah, I lied when I said I had places to be. I only have one very shitty room that I spend as little time as I can in. You know how it is. » Les derniers mots te font froncer un sourcil. Incertain de la raison pour laquelle elle te tirait dans ses propos — but yeah, you know how it is. « It's ok. I forgive you. » But you, Nader, you really had places to be. In the end, that's the irony.

Bière en main tu l'observes attraper le whisky qu'on lui serre. Fuis brièvement lorsque vos yeux se croisent — pour toujours y revenir, cependant. Tu l'as cherchée pendant tout ce temps. Ça te donnait le droit de l'observer, au moins pour un petit moment. « Never got to thank you for what you did all those years ago. So there it is. Thanks. » Elle te tire un nouveau sourire. Celui-ci ressemble plus à une grimace, pourtant. Alors que tu ne comprends pas ce qu'elle te fait, et que tu ne te souviens pas de la dernière fois que tu as été aussi détendu. You don't know her, though.Et votre lien ne faisait pas tout.
Certaines âmes soeurs se détestaient.
Être liés ne voulait pas dire que vous deviez vous apprécier.
Tu avais beau te sentir parfaitement à l'aise en sa compagnie, une part de toi ne pouvait s'empêcher de rester aux aguets. Elle aurait pu se jouer de toi.

Tu chasses les pensées. Ridicules. « You're welcome, I guess. » Marmonnement incertain, à défaut de savoir réellement quoi lui dire. Tu trinques avec elle, avant de te détourner pour prendre une gorgée. « What about you, then ? » qu'elle enchaîne. Tu l'as lancée. Tu te demandes si elle finira par s'arrêter. Pas que tu le voudrais. « What about me ? » Tu sais que tu n'aurais pas dû répliquer. Que ça va ouvrir la porte en grand, pour toutes les questions qu'elle pourrait poser. Et auxquels tu aurais dû mal à répondre, comme à chaque fois qu'on t'interrogeait. « Job, family ? Girlfriend ? » Tu soupires. Retournes à ta bière pour y noyer tes pensées avant de les formuler. « No girlfriend. » C'est un point certain où commencer. C'est la réponse la plus facile à lui donner. Tu l'expédies sans t'y attarder. « Family... Yeah. But no. It's all broken now. » Mais ça comptait. C'était du sang que tu continuais de partager, des vies dont tu avais la responsabilité. Tu n'avais, en cet instant, aucune envie d'y penser. « Job's ok. » Tu n'as pas non plus envie de dévoiler de détails sur le sujet. Et tu réalises que c'est trop peu. Que là où elle n'avait eu aucun mal à parler, tu ne lui avais presque rien donné. « Sorry, que tu te contentes d'ajouter. Don't like talking about myself much. » No shit. Mais au moins, tu t'en excusais. En quelques mots, d'un regard en coin. Exagérant, à coups de nouvelles questions que tu ne réprimais pas. Besoin d'apprendre à la connaître, sans trop savoir pourquoi. « You ? Boyfriend ? Girlfriend ? » Ça ne changerait pas grand-chose à ta vie. Mais tu te demandais. « Anything bad or dangerous I should know ? » Dans ton quotidien, dans ta vie.
Quelque chose qui pourrait nous nuire.
Qui pourrait nous tuer.

Le genre de conneries que j'ai fait, par le passé, et qui nous ont mis en danger.

D'you have skeletons in the closet, Adley ?

# 06/09/21, 01:30 pm

Son sourire ne te quitte pas. Il a quelque chose de léger, de timide, de prudent - et en même temps, de profondément sincère. Pas un sourire qui doit apparaître bien souvent, tu t'en doutes. Peut-être même que ça fait partie de son quotidien, de le réprimer. À chacun sa manière de survivre. Ton sourire n'était jamais entré en ligne de compte pour toi, parce qu'il te vient trop facilement. De toute façon, tu sais être un livre ouvert ; tu n'as jamais prétendu être un mystère pour personne. Tu ne le seras pas pour Nader, non plus. Tu crois bien comprendre, de toute façon, que peu importe ce que tu décidais de lui cacher, il finirait par l'apprendre ici et là. Les rues parlent. Les rues savent tout. Et il y avait grandi.

Alors tu relâches des informations sur ta vie, sur toi. Sachant qu'entre de mauvaises mains, ça pourrait mal se terminer pour toi. Mais tu es une Ombre ; ton existence même te mets en péril, à chaque instant où tu inspires de l'air dans tes poumons. Peut-être qu'un jour, ça changerait. I forgive you, qu'il te dit. Ça te fait sourire, ton humeur encore plus légère maintenant que tu avais un verre plein entre les doigts. « You're welcome, I guess. » Tu ne relèves pas. Quel grognon, songes-tu, mais ça t'amuse plus qu'autre chose. Clairement pas un type de la même trempe que toi, toi qui parle souvent trop. Mais ça ne te gêne pas. Tu as envie d'en savoir plus sur lui, cependant, et ça ne serait que juste qu'il te rende la pareille après que tu te sois livrée. Ton regard semble lui souffler. C'mon, spit it out. Il paraît cependant très réticent. Tu ne peux pas le blâmer - mais tu n'accepteras pas son silence. « No girlfriend. Family... Yeah. But no. It's all broken now. Job's ok. » Tu arques un sourcil. Ça ne révélait absolument rien, et en même temps, ça indiquait plus de choses qu'il ne pourrait le croire. Could be better, could be worse. Tu as envie de plus de détails, cependant, et il semble sentir ton impatience. « Sorry. Don't like talking about myself much. » Tu as envie de le narguer, mais il t'a offert un verre et de la nourriture. Tu n'as pas envie de mettre les voiles maintenant. « That's alright. » Que tu souffles, haussant les épaules avec nonchalance. Ça viendrait plus tard - il n'y manquerait pas. Et puis toi aussi, tu savais poser des questions. Tu saurais te renseigner, une fois qu'il aurait le dos tourné.

« You ? Boyfriend ? Girlfriend ? » Cette fois, un rire amer s'échappe de tes lèvres. Tu secoues la tête. « Nope. » Sur ça, tu n'es pas prête de parler. L'amertume de ton abandon est encore trop présent. « Anything bad or dangerous I should know ? » Une légère moue se dessine sur tes lèvres, alors que tu prends quelques secondes pour y penser. On dépose devant toi une assiette, et tu remercies le serveur. « Not really. I mean, there's the usual stuff. I am a Shadow. » Tu hausses les épaules à nouveau. « But I learned my lesson. And I'm not stupid. » Tu plisses légèrement des yeux, et il y a un peu de malice dans le rictus au coin de tes lèvres. « I promise to try and not get ourselves killed. » Tu ricanes un peu, en commençant à manger, savourant la nourriture chaude dans ton ventre.

« So, what happened there ? » Tu lui demandes, désignant ses doigts d'un signe de tête. Avant qu'il ne puisse répliquer qu'il ne voulait pas en parler, tu lui donnes un regard noir. « I have a right to know. I feel the pain, too. And I don't mind long stories. » Regard appuyé, avant de retourner vers ton assiette. La conversation tranquille, et pourtant tendue. Le fil sur lequel tu marchais devenu soudainement plus risqué et plus sécuritaire. Tu ne sais plus trop où regarder, où tu poses les pieds, mais il semble bien qu'on ait ouvert un filet sous tes pieds, pour la première fois de ta vie.

# 06/09/21, 01:31 pm

Elle accepte ton silence, et ça te détend un peu. Que trop de choses que tu voudrais lui dire, trop d'informations à lui donner. Tu pourrais lui parler de Sherouk, lui demander si elle la connaît. Lui dire que tu travailles pour Genya, que tu es souvent dans les environs du Paradise Casino si elle te cherche. Mais ta langue reste de plomb, ton esprit figé et ne tournant que trop au ralenti face à la réalité qui peinait à s'imprégner. T'as trouvé ton âme soeur.
Ta moitié.
Tu ne seras plus jamais seul.

Il n'y aura que la mort pour vous séparer, désormais.

Tu réussis à rassembler tes efforts pour lui poser quelques questions. Laissant la conversation s'installer, prenant tes marques pour peu à peu sentir la possibilité de te dévoiler. « Nope. »qu'elle te répond — et, pour la première fois, ne s'attarde pas sur le sujet. Tu plisses très légèrement les yeux, mais te gardes bien d'insister. Elle dit ce qu'elle veut. Tu sens l'histoire sous la surface, cependant. Poses une note dans ta mémoire, sans ressentir le besoin de gratter pour le moment. Changeant de sujet, pour lui faire comprendre qu'elle était parfaitement en sécurité. Au même moment, le serveur arrive pour lui donner l'assiette qu'elle s'est commandée — et Adley prend le temps de le remercier tandis que tu tends les kavis nécessaires à payer. L'homme s'est éloigné lorsqu'elle reprend. « Not really. I mean, there's the usual stuff. I am a Shadow. But I learned my lesson. And I'm not stupid. » Tu ne peux retenir un léger sourire. Ne comprenant que trop bien la réalité de ses mots, et ce que sa nature devait lui apporter comme ennuis au quotidien. Yeah. Aside from that.
Killed anyone lately ?
Worked for bad people, maybe ?
« I promise to try and not get ourselves killed. » se contente-t-elle d'ajouter. Ton sourire s'affirme un peu, alors que tes épaules se haussent pour marquer ton avis sur la question. « Don't worry. I'm no saint. » L'ironie est marquée, dans ta voix. Clairement pas. Tu laisses ton regard balayer la salle du bar. Tu risquais donc de vous attirer, plus que l'inverse. Mais qui sait. Adley restait une voleuse, et se faire prendre la main dans le sac arrivait trop vite. Vous le saviez tous les deux.

« So, what happened there ? » Tu suis son regard jusqu'à tes doigts. Les plies pour refermer ton poing, incertain de ta volonté d'éviter la question. Comme un écho à tes pensées, Adley ajoute : « I have a right to know. I feel the pain, too. And I don't mind long stories. » Ton regard revient sur elle. Tu la sondes, un instant. Elle a raison, et tu le sais. Elle mérite de savoir, pour tout ce que tu lui as fait traverser. « It's not that long. » Ou peut-être que si. Tout dépendrait de la manière dont tu la présenterais. De ce que tu aurais à dire sur le sujet. Elle mérite de savoir.
Elle mérite de savoir.

Tu te répètes la pensée en boucle pour t'encourager à t'ouvrir. Prends une inspiration, avant de délier tes doigts. « I was serving on a ship, and my captain had an old grudge with some pirates. »Tu prends une gorgée de ton verre. Ravales les mauvais souvenirs, pour ne garder à la surface que l'histoire. « He sent me to steal from them, but once I was there I didn't want to anymore. Didn't seem fair. » Le Deimos n'avait que ses prises pour survivre, et les voler aurait été te mêler à une guerre qui ne te regardait pas. Pénaliser des ombres qui se démenaient déjà pour exister dans le monde hostile qui les entourait. Tu avais refusé d'être ce type-là. « So I came back to my captain empty-handed. He didn't take it well. » Tu bouges instinctivement tes doigts. L'autre main enroulée autour de ton verre, la chaleur de l'alcool dans ton estomac. Tout est si loin, désormais. « But I had enough of his bullshit. I called him out, and we had a falling out. He threw me out of the crew and ordered my hand cut. » Elle était encore là, pourtant. Habile tour du destin, dû au respect que les membres d'équipage avaient pour toi. « He didn't stay to watch though, and the boatswain liked me. So he took only two fingers instead, to keep his own head safe. » Tu reprends une gorgée de ton verre. L'histoire racontée plus sereinement que tu ne t'en serais cru capable. Fallait croire que les années avaient suffisamment passé pour que les choses soient plus faciles à digérer.
Fallait croire qu'avec Adley à tes côtés, tu étais prêt à tourner la page pour de bon, et à avancer.
« They left me ashore, and took of. I never saw any one of them again. » But I saw Adinah. The pirate I tried to rob. I saw her again, a couple of days back.
What was the chance of that ?

Tu prends une longue inspiration. Te laisses le temps de soupirer, avant de continuer. « So, yeah. That's that. » Reniflement léger. Nouvelle gorgée. Noyer dans l'alcool une peine que tu ne ressentais qu'à moitié. Ça te prendrait un autre verre pour finir la soirée. « It took me few weeks to come back to Tivan. I kept thinking my hand was gonna get infected and I was gonna loose it. But it never happened. » Tu lui donnes un sourire en coin. Réalises que c'est plus de détails que l'histoire en elle-même. Tu t'ouvres. Elle avait réussi. « Lucky for the both of us, I guess. » Tu la regardes. Ses traits ronds, ses yeux doux. La douleur qu'elle t'avait si clairement dit partager. Ta moitié.
Ton coeur dérape brièvement, et ton regard fuit un bref instant. Sans trop savoir d'où viennent les mots suivants, tu souffles : « I feel like I've known you forever. » Et pourtant, pas vraiment.
Tu veux tout lui dire et rien ne sort.
Tu veux la toucher mais ton corps résiste.
Tu te demandes à quoi elle pense.
Tu te demandes ce qu'elle voudrait.

Tu te demandes si elle le ressent aussi.

Like it's just you and me.

# 06/09/21, 01:31 pm

« Don't worry. I'm no saint. » Tu le savais déjà, au fond. Il avait volé pour t'aider, avait grandi dans les rues de Tivan. Rien, chez lui, pour indiquer qu'il ait pu connaître de ces vies que tu côtoyais dans les palais, effleurant du bout des doigts un confort et une richesse que tu n'aurais jamais. Ils semblaient tous tellement loin de tes soucis de tous les jours, ces nobles. La survie n'était pas une incertitude, pour eux ; alors que toi, c'était tout ce à quoi tu pensais, la plupart du temps. Nader comprenait ça. Nader était comme toi. Ton âme soeur. Ton Prodige. Tu n'aurais jamais pu le croire. Si une clairvoyante te l'avait soufflé, tu aurais éclaté de rire. Et pourtant, Nader était à tes côtés, comme toi, ou presque. Il ne saurait jamais ce que c'était, que de vivre en tant qu'Ombre, mais il n'était pas complètement étranger à ton mode de vie. Ça te rassurait bien plus que tu avais les mots pour l'exprimer. Et son sourire te faisait du bien. Ça aussi, tu n'aurais pas les mots pour l'expliquer.

Tu as de quoi boire, de quoi manger. Confortable comme jamais, tes plus grands luxes offerts avec facilité. Peut-être que ce n'était pas une si mauvaise chose, que tu ai finalement croisé la route de celui avec qui partageait ton âme. Tu es prête à combler ta soirée par une histoire, et Nader accepte gracieusement de t'en offrir une. Tu sens sa réticence, au départ, mais tu trouves les bons mots pour le pousser à parler. Soutenant son regard sans la moindre peine, acceptant à présent de te perdre dans le brun de ses yeux. Un brun profond, presque noir, dans lequel dansait le vent. « I was serving on a ship, and my captain had an old grudge with some pirates. »Tu en retiens to souffle, tes yeux agrandis, comme une gamine devant un livre de contes. Sa voix remplit le silence, semble contraster avec le tapage dans le reste du bar. Mais alors qu'il te transporte des années auparavant, tu ne les vois plus, les entends plus. Sa voix suave te tire vers les eaux sur lesquelles il a navigué, et tu en sentirais presque l'odeur de la brise, le goût du sel sur ta langue. C'est une histoire comme celles que tu adorais tellement entendre étant gamine, ton épée de bois à la main, prétendant être une légendaire Delmar. Un peu plus glauque, certes, et cruellement réelle, mais tu ne peux pas empêcher ta fascination et le sourire sur tes lèvres, alors que Nader te raconte cet épisode sombre de sa vie.

Ça te fait te poser encore plus de questions, d'où il vient, où est sa famille, ce qu'il est advenu de chaque personnage de cette histoire. Mais tu te tais, peu hâtive d'interrompre sa narration. Prenant quelques bouchées de ton repas, une gorgée de ta boisson. L'estomac qui se remplit, l'imagination aussi. Tu ne sais pas ce que tu préfères. Les récits d'aventures, ou un bon ragoût chaud. « They left me ashore, and took of. I never saw any one of them again. » Tu n'as même pas les mots. On dirait que tu ne veux pas briser la rêverie qu'il vient de créer, en invoquant ses souvenirs. « So, yeah. That's that. It took me few weeks to come back to Tivan. I kept thinking my hand was gonna get infected and I was gonna loose it. But it never happened. » Tu réalises que tu pourrais l'écouter parler ainsi toute la nuit, sans te lasser. Et ça vient creuser quelque chose d'étrange, dans ta poitrine. Ton coeur, apaisé et affolé à la fois. Son sourire le fait bondir. Longtemps, que tu n'as pas ressenti ça.
Pas depuis Rafe.
La pensée te fait frissonner.

« Lucky for the both of us, I guess. » Cette fois, tu souris avec un peu plus de détermination. Tu aurais presque envie de lui faire un clin d'oeil ; mais tu te retiens au dernier moment. « You bet. »Tu rigoles doucement, presque timidement. Encore bercée par son récit, n'ayant que peu envie de revenir à ta réalité. Tu aimerais trouver les mots pour le remercier de t'avoir raconté, mais tu n'y parviens pas. Tu espères que ton regard et ton sourire seront suffisants. Les mots se bousculent au bord de tes lèvres. Tu veux lui dire que tu avais rêvée d'être pirate, que tu aimerais partir à l'aventure en bateau ; tu voudrais lui poser des tonnes de questions, lui rendre la pareille. Et alors que tout se fracasse à l'intérieur de ta poitrine, tu l'entends souffler les mots qui te hantent depuis quelques minutes. « I feel like I've known you forever. » Sans comprendre pourquoi, tes joues se mettent à brûler, délicatement. Rosies, peut-être même rouges. Tu blâmeras l'alcool. La chaleur du bar. Peu importe. Ton coeur, lui, termine d'exploser, milles étincelles qui embrasent ta poitrine. Tu relèves les yeux vers toi, remplis d'espoir, de tous les mots que tu aimerais lui dire. « I feel the same way. » Que tu lui murmures sans la moindre hésitation, tes lèvres te guidant. Tu voudrais pouvoir tendre la main et le toucher, prendre sa main dans la tienne, sentir sa peau, chaude, douce, rassurante. Ta gorge se serre. « I... I didn't know it'd be like this. » Tes yeux ne s'enfuient pas, mais ta voix est presque timide. Peut-être que tu te fais des idées. Tu te perds dans ses yeux, tu t'enfonces, et soudainement ta main fuse. Tes doigts effleurent son poignet, comme tu l'as fait quelques heures auparavant. Ton geste, cependant, est cette fois remplit de délicatesse, et tu as peur qu'il se retire à tout instant. Comme par peur de te brûler, tes muscles se tendent avec anticipation. Mais ça ne fait que faire du sens ; et tu fermes brièvement les paupières, avant de venir lui sourire. Pas tellement avec tes lèvres, plus qu'avec ton regard.

Puis la gêne revient en courant, alors que tu réalises ce que tu fais, que tout va trop vite, que tout défile devant tes yeux, ta vie bousculée, tout ce que tu croyais chamboulé. Vingt-quatre heures auparavant, tu aurais ricané à la première personne qui aurait voulu t'emmener à ton âme soeur. Et maintenant, tu ne voyais plus vivre sans lui. Tu retires ta main, l'esprit confus, la gorge sèche. Tu t'empresses de boire une longue gorgée. « I wanted to be a pirate when I was a little girl, you know. » Tu en souris tendrement. Te rappelle ta rencontre avec Adinah, quelques années auparavant. « How funny. » Tu souris plus simplement, retournant à ton repas. Mais ton estomac est étrangement retourné, et tes gestes deviennent plus mécaniques. Tu te sens soudainement fatiguée. « You'll tell me what it's like ? Being on a ship and all. » Et par là, tu lui fais la promesse d'une prochaine fois. Sans trop savoir comment ou pourquoi. Mais tu sais qu'il est hors de question de vous lâcher, à présent. Il a besoin de toi, et toi de lui.

Tu prends une longue inspiration. « You told me a story, so it's my turn. I owe you one, if you want it. » Un peu plus de malice dans ta voix, et tu te sens plus détendue, retournant dans des eaux plus familières. « What would you like to know ? » Tu lui demandes, simplement, jamais bien loin de lui, mais pas trop près non plus.

# 06/09/21, 01:31 pm

« I feel the same way. » Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle te réponde ça. Et t'es un peu perdu, soudainement. Des années dans le noir, à souffrir d'une solitude que tu ne voulais pas avoir à combler. Dans laquelle tu aurais aimé pouvoir te complaire en paix. Condamné à être lié, contre ton gré — tu avais longtemps désapprouvé l'idée. Te voilà pourtant, planté là. Le coeur à en rater des battements, et les yeux d'Adley sur toi. Ça n'aurait jamais dû être comme ça. Ça l'était.
Et maintenant, tu ne sais plus quoi en penser.

« I... I didn't know it'd be like this. » Tu sens qu'elle est aussi perdue que toi. Que vos repères sont en train de s'effondrer, et que vous n'avez plus que l'autre sur qui compter. Les mots sont lourds sur ta langue, pourtant. Tu te perds un peu dans les yeux d'Adley, et tu n'es capable que de lui sourire. Yeah. Me neither.
Et soudain, sa main fuse. Touche ton poignet, contact déjà familier. Ton sourire se fige, et toi aussi. T'as peur que tout s'évapore, dans l'instant. Mais les doigts d'Adley restent là. Agréables contre ta peau. Tes épaules se détendent. Ta main également. Tu déroules ton poing. Tu vois la lumière dans ses yeux, quand elle les rouvre.
What are we doing here, Adley ?

La même pensée semble la traverser, et le monde de se referme sur vous en un coup de vent. Elle retire sa main, tu fais de même. Elle met le nez dans son verre — mais tu prends le temps de la regarder. Sourire flirtant avec tes lèvres, que tu ravales dès qu'elle se tourne vers toi. Contiens-toi. « I wanted to be a pirate when I was a little girl, you know. » Et en quelques mots, elle reprend toute ton attention. Ton sourire revient, brusquement, et cette fois tu n'y peux rien. « Really ? » « How funny. » It is. Elle a l'air fatiguée, et voir ses traits tirés te fait soudainement réaliser à quel point tes propres épaules sont nouées. Ta vie étirée. Tu n'as pas passé une réelle bonne nuit depuis des années, et ainsi assis à ses côtés, tu te demandes si ça ne pourrait pas changer. Si ce soir, tout ne va pas s'arranger. « You'll tell me what it's like ? Being on a ship and all. » Tu entends la douceur de sa voix. Prends conscience de la réalité. Vous allez vous revoir.
Vos vies sont désormais liées.
« Sure. » I'll tell you. En un souffle, tu la gardes à tes côtés. Lui promets un lendemain. Quelques moments de paix, dans vos vies troublées. La tempête ne cesserait jamais, mais vous seriez là pour vous épauler. Et en quelques mots échangés, sur le coin d'un comptoir dans une étrange fin de soirée, vous vous le promettiez.

« You told me a story, so it's my turn. I owe you one, if you want it. What would you like to know ? » La douceur revient vous envelopper. Pour de bon. Les histoires plein la tête, plein le coeur. Tu l'observes, à court de mots. Tu te demandes si elle accepterait de parler de l'amour qui l'a brisée. N'oses pas te lancer dans la conversation, pourtant. Par respect. « Hm. » Tu prends le temps d'y penser. Tes yeux passant d'Adley au décor du bar, fouillant tes souvenirs. « ... I don't know. »murmures-tu. Tu as bien des questions aux lèvres, des curiosités à l'esprit. Mais rien ne semble se mettre en ordre, se poser en mots. Tu ne veux pas faire intrusion dans ta vie, bousculer plus que ce que votre rencontre a inévitablement provoqué. Mais tu veux savoir. Ce qu'elle voudrait, ce qu'elle accepterait. What do you want to give me, Adley ?
« I want to know all your stories. » lui souffles-tu. Tes yeux sont revenus dans les siens. Ton sourire, flirtant avec tes traits. Tu ne sais d'où te vient l'envie. En te levant ce matin, tu aurais balayé toute idée d'en apprendre sur ton âme soeur. Mais alors qu'elle était assise près de toi, il te semble que le monde prend un sens qui t'a jusqu'ici échappé. « Starting with the one you want to tell me. » T'en es presque gêné, de n'avoir aucune requête à lui formuler. Mais tu ne veux pas retrouver le regard triste et évasif qu'elle t'a jeté lorsque tu l'as interrogée sur sa vie amoureuse. Tu veux la voir pétiller. Et elle choisira pour ça l'histoire qu'il faut, tu n'en doutes pas. Tu le sens déjà.
Pour le reste, ça attendra. On a toute la vie pour ça.

# 06/09/21, 01:31 pm

Sur tes doigts, tu sens encore le picotement de la sensation de ta peau contre la sienne. Déroutée de l'effet que ça te fait, des sensations que ça provoque en toi. Tu as déjà ressentie des émotions forte, tu aimais Rafe de tout ton coeur, mais ça, ce n'était pas comparable. Nader faisait partie de toi, et même plus que ça. Est-ce que tu finirais par t'habituer ? Est-ce que ces sensations finiraient par diminuer, à ne devenir que souvenirs ? Est-ce que les ratés que faisaient ton coeur s'effaceraient, jusqu'à s'éteindre ? Un murmure te souffle que non, mais tu ne sais pas quoi croire. Tu préfères te concentrer sur l'instant présent, le futur étant à présent trop incertain, trop flou. Encore plus qu'avant. Maintenant, ton destin était lié à un autre, bien plus fermement, bien plus conséquemment. Tu ne savais pas si tu en étais heureuse ou pas ; il était trop tôt pour le dire. Mais déjà, la présence de Nader t'apaise. La conversation file, le temps aussi. Tu réalises que tu n'as plus envie de le fuir. Juste de rester là, à ses côtés, près de sa chaleur, où tes yeux peuvent attraper les siens à tout moment. Où tu peux tendre la main pour le toucher, et savoir qu'il était là. Ta vie, qui vient de changer en un claquement de doigts.

Les mots s'échangent, presque comme des confidences, et tu te surprends à venir chercher son sourire, à vouloir voir les étincelles dans ses yeux. Tu aimes ce que tes mots provoquent sur ses traits, et tu t'attardes toujours un peu plus longtemps que tu ne le devrais. Les sourires, les regards. Tout ça, dans la pénombre du bar. Personne ne semble pouvoir vous attraper, vous toucher. Et par une question détournée, tu te demandes si tu vas le revoir. Sure, qu'il te répond. Aussi naturellement que ça. Aussi simple que ça. Sure, il te racontera. Ça ne sera pas votre dernière conversation. Loin de là. Nader sera toujours là. Il y a quelques heures à peine, la pensée t'aurait fait serré des dents. Maintenant, tu t'en étais plus aussi sûre. Ça ne sera peut-être pas si mal, finalement. Ça t'effraie. C'est presque trop facile. Presque trop simple, presque trop agréable. Ton instinct de survie ne peut s'empêcher de se demander s'il y a anguille sous roche. Maybe. Maybe not.
For once, you'll have to trust.

« Hm. » Il réfléchit à ta proposition, et tu en profites pour observer ses boucles brunes. Fourrant ton nez dans ton verre, ton regard reste cependant curieux. « ... I don't know. » Tu as presque envie de rire. De ton côté, tu fourmillais d'idées, de questions, d'interrogations. Tu as presque envie de le taquiner un petit peu, comme tu le ferais avec n'importe qui d'autre. Sauf que ses prochains mots t'arrêtent. « I want to know all your stories. » Ça te serre le coeur, ça te coupe le souffle. Une tendresse que tu n'as jamais entendu dans la voix de personne à ton égard. Même pas Rafe, qui avait pourtant pris tellement soin de toi. Tu déglutis, incapable de lui répondre dans l'instant. Tes joues toujours roses, tes yeux brillant de milles feux. « Starting with the one you want to tell me. » Tu es reconnaissante de la distraction, et tu te précipites donc sur l'opportunité. Tout, pour penser à autre chose, et oublier à quel point ton coeur est serré dans ta poitrine. « All right, then. I got a few stories for you. » Ta voix prend une certaine tonalité de malice, alors que tu repousses légèrement le bol de ragoût que tu as déjà terminé. Ton ventre rempli, ton verre pas encore vide, tu te sens prête à affronter le monde entier ; et pourtant, tu ne veux pas bouger de ton siège.

Ton sourire est doux, mais légèrement amusé. « Since you told me about one of your scars, I'll tell you about one of mine. » Tu lui pointes la lisière de tes cheveux, sur la gauche, d'où sort une très légère cicatrice blanche. « It happened during my pirate phase. » Que tu rigoles doucement, secouant un peu la tête. Tu te laisses un peu emporter dans tes souvenirs, ne t'éloignant pas de Nader, cependant. « I was young, not even ten. There was this window at the orphanage, at the top of the stairs, that if you went through, you could get to the roof. So it became a sort of challenge for me. » Tu te rappelles des longs couloirs de l'orphelinat, de l'odeur des cendres dans les cheminées, des bruissements que faisaient les pas des autres avec toi. Tu donnes un regard complice à Nader. « Especially after Oliver Grant dared me. » Ça te fait sourire un petit peu. Tu agites légèrement les mains en racontant, c'est plus fort que toi. « It was raining that night. Most were already asleep, but a few of us sneaked out of the dorms to get to the window. I got it open, and started to make my way out. » Tu secoues la tête. « I made it to the roof. I did. » La victoire que tu avais ressentie, sous cette pluie. Tu t'en rappelles encore ; ça et le regard dépité d'Oliver Grant. « And then I slipped. Fell. I didn't get hurt bad. Just this cut on my head. » Tu pointes ta cicatrice à nouveau, un petit sourire aux lèvres.

Une histoire parmi tant d'autres, de toutes les bêtises que tu avais pu enchaîner en étant gamine. Presque un miracle que tu sois toujours en un morceau aujourd'hui. « So, there you have it. One of my many adventures. » Tu rigoles un petit peu, presque timide. Tes cheveux descendent le long de ton visage, et tu les repousses d'un geste habitué. Tu sens la fatigue de la journée retomber, tes bras sont lourds, tes paupières aussi. Après avoir ainsi mangé et bu, tu serais prête à faire ta nuit. Mais quelque chose te retient de partir. « All this time, and you were just around the corner. » Que tu lâches soudainement, changeant brusquement de sujet. Mais c'est un sourire qui s'attarde sur tes lèvres, quand tu relèves la tête vers Nader. Ça se tortille dans ta poitrine, dans ta gorge. Les histoires qui t'ont bercés, et tant de choses que tu as révélées. Ça t'étourdit, un petit peu. Alors tu baisses les yeux. « I should go home. » Que tu souffles. I don't want to. « I have an early day, tomorrow. » Tu ne bouges cependant pas de ton siège. Cherchant désespérément une excuse pour rester. « I'm not a very reasonable person, though. I'm sure you understood that about me by now. » Tu souffles, avec un peu de complicité que tu ne pensais jamais développer avec ton âme soeur. Ton âme soeur.
Juste là.
À tes côtés.

« Where can I find you ? » Les mots t'échappent. Tu as besoin de savoir. Et par ces mots, tu lui fais une promesse de ne pas fuir. De ne pas l'abandonner, de ne pas lui laisser que le vide et le silence. I will find you next, Nader.
I will.
Unless fate decides to do it first.

# 06/09/21, 01:32 pm

« All right, then. I got a few stories for you. » Elle a déjà terminé de manger. Tu crois lui voir les joues rougies, et tu assumes que c'est la chaleur qui règne dans l'établissement. L'alcool qu'elle a ingéré. La bouffe qui l'a revigorée. Les émotions de la journée. Tu trouves ça doux, sur ses traits. Un brin de vie, animant la fatigue qui émane d'elle autrement. Tu la trouves jolie. Pas du tout ce à quoi tu t'attendais.

« Since you told me about one of your scars, I'll tell you about one of mine. » Elle te montre la petite ligne à la lisière de ses cheveux, et tu lui donnes ton entière attention. Ton verre est vide, mais tu n'en recommandes pas de deuxième. Trop étourdi par la journée pour vouloir en rajouter — serein, à l'idée de rentrer chez toi le coeur plein. Les oreilles remplies par la voix d'Adley, les pensées par ces souvenirs doux qu'elle te communiquait. Tu l'imagines entre les quatre murs de l'orphelinat, téméraire gamine que rien n'arrêtait. Ce serait mentir que de dire que tu te souvenais de la sensation de la chute, du coup sur la tête. Mais tu sais, au fond de toi, que ce n'est pas loin. Enfoui sous votre peau, dans un lien qui vous avait été gardé si longtemps caché. T'as toujours été là, Adley aussi. Maintenant, vous le saviez.

T'as le sourire aux lèvres, tout au long de son histoire. Le regard tendre, brillant de la même fatigue que tu devines dans son corps entier. Vingt-cinq années enfin rattrapées. « So, there you have it. One of my many adventures. » Ton rictus s'élargit un peu lorsqu'elle rit. Tu ne sais pas d'où te viennent la confiance et la paix. Tu sais que votre lien ne veut rien dire, et qu'Adley pourrait être n'importe qui. Mais tu tais la voix qui te dit de te méfier. Accroché, peut-être trop fort, à ce ronronnement qui te berce depuis qu'elle a baissé la garde et que vous avez commencé à vous épancher. « Some we'll save for later. » Toi comme elle ne seraient pas en peine de continuer à en raconter. Vous pourriez y passer la nuit — mais le besoin de respirer se faisait sentir, peu à peu. Tu avais envie de rentrer chez toi. Retenu par la présence d'Adley à tes côtés, par la familiarité de votre lien et la stabilité nouvelle qu'il te procurait. Mais t'avais besoin de retrouver ta solitude. D'y penser. De freiner, par tous les moyens, ce coeur qui ne répondait plus de rien.

« All this time, and you were just around the corner. » Tu es surpris de l'entendre formuler à voix haute tes pensées. Sensation tenace que les coïncidences continueraient de s'enfiler, si vous poursuiviez la conversation. Qui sait ce que la vie vous avait réservé. Foutue destinée. « I know. »That's crazy, que le tremblement dans ta voix lui dit. Crazy. Murmures que vous entendez malgré le bruit du bar. Le monde a disparu. N'y reste que vos âmes perdues. Ça fait beaucoup à digérer.
Il vous faudra le temps de mijoter.
« I should go home. I have an early day, tomorrow. » Elle ne bouge pas, pourtant. Me too, voudrais-tu ajouter — mais tu aurais l'impression d'une excuse pour que vous filiez, et ça ne te plait pas. Tu gardes la réponse pour toi. « I'm not a very reasonable person, though. I'm sure you understood that about me by now. » Tes yeux brillent à sa remarque. Ton sourire également.« Yeah. I got that part earlier. » Tu avais dû la chasser. L'effrayer, la retrouver. Ses histoires ont prêté le fait à témoin. Mais tu t'en moques. T'es pas mieux, quand on s'arrête pour y penser. Peut-être ne l'a-t-elle pas encore compris — mais ça ne tardera pas, tu le sais. « But I still have places I need to be before going home tonight, so... » Une tristesse se peint sur ton sourire. Étrangement réticent à l'idée de devoir la quitter, malgré les mots que tu venais de lui souffler. C'est mieux comme ça.

« Where can I find you ? » Ses mots t'accrochent le coeur. Signent la fin de votre conversation — mais tu les acceptes avec une étrange paix. You'll see each other again.
When you're ready, this time.
« I live in the linji district. Little place right above of a shoemaker. Lovett's the name. » C'est faire confiance à une parfaite inconnue. Lui donner tous les moyens de te retrouver, et de te nuire si elle l'a décidé. Mais tu vois, dans les yeux d'Adley, le besoin d'une sécurité. Assurance qu'elle saurait toujours où te trouver. « I'm not here often, but I'm not hard to find. » Une réalité qui avait sa propre part de mensonge — tu pouvais l'être, lorsque tu le désirais. Mais si on posait les bonnes questions au bon endroit, quelqu'un saurait toujours tes allées et venues. C'était le jeu. « If you ever need, ask around at the Paradise Casino. They'll tell you. » Si tu n'y travaillais pas à ce moment-là, les réponses y seraient. Et on pourrait la protéger.

« Otherwise, don't worry. I'll find you. » Ta voix est douce, cette fois. Dépourvue de sa méfiance du début de soirée. Tu n'as plus l'impression qu'elle prendrait la première occasion pour filer. Il n'y a pas de garantie, pourtant, et tu le sais ; mais tu avais appris à débusquer les mensonges avec le temps, et si Adley jouait la comédie tu devrais t'incliner. Pas du genre facile à berner.

Les pensées te traversent, mais tu ne t'y arrêtes pas. Assez apaisé par la stabilité qui coulait entre vous. Le naturel que ce lien, et vos vies liées, avaient déjà créé. Vous étiez faits pour vous trouver.
Faits pour vous changer.

Quoi qu'il arrive, tu ne serais plus seul.
Plus jamais.

Quoi qu'il arrive, tu la retrouverais.

# 06/09/21, 01:32 pm

« Some we'll save for later. » Ça te fait sourire. Une énième promesse d'une prochaine rencontre, pas tellement lointaine. Comment ça serait, la prochaine fois ? Et comment allais-tu te sentir, une fois seule chez toi ? Tu étais incapable de vraiment te figurer comment ta rencontre avec Nader allait changer ta vie. Tu irais un pas à la fois, comme tu le faisais toujours. Un pas à la fois, le coeur palpitant. Tes yeux qui ne le quittent jamais vraiment, ses murmures qui ne cessent de faire écho à tes pensées. Tu n'étais pas du genre timide, pas du genre à te cacher non plus, mais tu n'étais pas non plus du genre à te confier au premier venu. Avec Nader, c'était déjà différent. Tu te surprenais à exprimer des pensées intimes, presque trop personnelles, mais tu le faisais sans peur et sans la moindre honte. Et plus encore, il te regardait et te répondait, et te comprenait, comme si ses pensées étaient également les siennes. I know, souffle-t'il, et ça te serre la gorge un petit peu plus, faisant vriller le vertige qui vous avait enveloppé depuis que la poussière était retombée. Tu avais besoin de prendre l'air, besoin de savoir où tu irais à présent. Besoin de te lever dans une nouvelle journée en sachant que tout avait changé.

Mais tu n'as pas envie de le quitter.

Vos regards se font un peu plus timides, à partir de là. Mais Nader semble avoir besoin, tout comme toi, de prendre un peu de distance pour mieux sauter. « Yeah. I got that part earlier. » La beauté de son sourire fait un travers dans ton coeur, et tes traits s'illuminent de malice. Au moins, il saurait toujours à quoi s'attendre avec toi. « But I still have places I need to be before going home tonight, so... » Tu acquiesces, acceptant finalement l'idée de vous séparer pour ce soir. Comment ça pouvait te sembler si compliqué, alors que quelques heures auparavant, tu l'avais fui avec une facilité désarmante ? Tellement de choses à propos de tout ça t'échappaient complètement. Alors tu lui demandes où tu pourras le trouver, pour une prochaine fois, pour un avenir pas trop lointain. Tu n'en sais rien, en fait. Et tu crains presque qu'il ne te dise rien, mais la confiance semble s'être suffisamment installée pour qu'il accepte de te répondre. « I live in the linji district. Little place right above of a shoemaker. Lovett's the name. » Tu attrapes l'information et tu la ranges précieusement dans un coin de ta tête. Tu connais bien Tivan ; le nom te dit quelque chose. Dans tous les cas, tu n'auras aucun mal à le retracer. Et ça fait déjà accélérer ton coeur, l'idée d'aller le retrouver chez lui. Quelque chose de si intime, dans ce geste. Mais vous partagiez une âme, après tout.

« I'm not here often, but I'm not hard to find. » Tu lui donnes un petit sourire. Tu comprends ça ; tu es semblable, après tout. « If you ever need, ask around at the Paradise Casino. They'll tell you. » Ça te fait tiquer. Le Paradise ? Le casino de Genya. Est-ce que Nader était un habitué de l'endroit ? Tu ne l'avais jamais vu là-bas. Est-ce que vos vies s'entrecroisaient encore une fois sans que tu ne l'ai vu avant ? L'idée te fait frissonner, mais te fatigue encore plus. Tu as trop de questions. Tu as besoin d'air, et plus que jamais. « I know the place. » Tu réponds le plus simplement du monde. Après tout, c'est la vérité ; il resterait à voir de quelle manière Nader le connaissait. Au fond de toi, tu sais déjà que la réponse te donnera le vertige. Un pas à la fois.« Otherwise, don't worry. I'll find you. » Ça envoie des drôles de papillons, dans ton estomac. Et ton sourire est presque tendre, alors que tu te lèves de ton siège. Prête à filer dans la nuit, à ne pas regarder en arrière. Et pourtant, à laisser un morceau de toi entre les mains de ce prodige, assis à tes côtés.

Tu actives finalement tes jambes, te relevant d'un bond. Tes yeux qui ne le quittent pas, qui savourent une dernière fois la profondeur de ses yeux, et qui dessinent ses traits pour t'en rappeler, une fois dans un solitude plus complète. Ton sourire te berce, devient légèrement taquin, complice, heureux. « Goodnight, Nader. » Et sans un mot de plus, tu tournes les talons. Tu avances vers la porte du pub, un drôle de froid s'installant sur tes épaules. Et avant de pousser la porte, tu donnes un regard par dessus ton épaule. Apercevant une dernière fois la silhouette de Nader, au bar. Tu te souris à toi-même, et tu files finalement dans l'air extérieur. La nuit noire, que tu observes avec des grands yeux.

Une nouvelle paix, juste là, près de ton coeur.